Pendant notre première semaine à La Paz, on s'est renseigné pour faire un trek autour de la Cordillèra Real. On a fait la rencontre d'un mec, drôle un peu bourru qui tenait une agence de tour. En discutant avec lui, on a fini par se pencher sur 3 jours de trekking pour l'ascension de Huayna Potosi, alliant marche et des bases d'alpinisme sans difficulté technique. Une confiance réciproque et un prix intéressant ont faits que nous avons conclu de partir ce mercredi 2 décembre par le biais de son agence.


Le guide vient nous récupérer à l'hôtel car c'est sur sa route. On découvre très vite que ce n'est pas un as du volant. C'était déjà une difficulté pour lui de démarrer le fourgon !!! Là déjà on espérait qu'il était meilleur guide que conducteur ... D'ailleurs on n'a pas fait 100m, et boom un accrochage avec une autre voiture !! L'aile arrière du fourgon (qui n'est pas à lui !) enfoncée et rayée... ça commence... Il s'arrange vite fait avec l'autre automobiliste qui lui donne 200 bolivianos (env 20 euros !!!). D'ailleurs l'autre automobiliste voulait s'enfuir, mais c'était sans compter sur la forme de notre guide qui lui a couru après !


Le guide, Miguel, d'origine péruvienne, 47 ans, fille et frères sont aussi guide, tenait une sacré caisse (né à 4000 m d'altitude ça aide !)


Une fois ces problèmes de voiture réglés et avec une confiance très très très moyenne en sa conduite, on monte vers Alto (la partie haute de la Paz) et on arrive chez lui pour récupérer l'équipement (corde, crampons, piolets). Il a une vue plongeante sur La Paz. Voulant prendre une photo avec la Gopro (seul appareil photo qu'on avait pris avec nous) on se me rend compte qu'elle ne marche pas, la mierda. Ahhhh pas d'appareil photo pour immortaliser ces 3 jours ..non pas possible ! On demande au guide de prendre son appareil et on file pour 1 h de voiture vers le camp de base à 4700 m d'altitude.


On traverse des paysages magnifiques (si on fait abstraction des zones de déchets en début de parcours), des lacs de différentes couleurs dues aux minéraux. Il y a d'ailleurs aussi quelques mines rudimentaires. Et d'un coup, en milieu de parcours il se met à grêler, puis cela se transforme en neige alors qu'on était en tee-shirt encore quelques minutes avant. Les températures varient très vite pour une même altitude, en ce moment c'est le début de l'été quand même.


On arrive au camp de base où l'on devait manger puis s'entrainer à utiliser le matériel pour préparer l'ascension. Il continue à neiger .... D'après le guide « a la una de la tarde esta buene tiempo (=à 1h de l'après midi le temps sera bon) », puis « a las 2 de la tarde esta buene tiempo ». Au final, ça ne s'est pas arrêté de la journée. On a passé 10h à 3 dans 50m² dans un refuge, certes neuf mais avec des murs en brique de 15 cm et un toit en tôle et évidemment sans chauffage. Autant vous dire qu'on s'est caillé, vraiment caillé, jusqu'à en arriver à faires pompes et abdos pour essayer de se réchauffer (on était déjà bien sûr habillés de plusieurs couches comme en plein hiver). Mais au bout d'un moment ça ne marche plus, et là tu échafaudes plein de techniques pour essayer d'avoir chaud jusqu'à faire une espèce de cabane avec les matelas que nous avions dans le refuge ! Le guide lui a profité de l'après midi pour réparé l'aile défoncée avec deux compères. Cela dit, le paysage était magnifique après ces 10 cm de neige.


Le guide était sur que le lendemain il fera grand beau, et il avait raison. A 7 h, direction le glacier pour escalader une cascade de glace, une première pour nous qui s'avère plus facile que d'escalader un rocher. Après cela on a marché pour atteindre le high camp à 5100m d'altitude.


Pareil, refuge neuf et d'ailleurs pas encore fini. Après discussion, il se révèle qu'ils sont un groupe de personnes à exploiter ces refuges. Ils les construisent puis les exploitent pour les expéditions sur Huayna Potosi. On se retrouve donc nouveau juste à 3. Juste 30 m plus haut un dortoir où sont tous les autres groupes. Ce seront environ 15 personnes qui tenteront l'ascension le lendemain matin.

 

Réveil à minuit après une nuit horrible dans un frigo (aïe, aïe, aïe). Départ 0h30 à la frontale, équipés et encordés. Arrivée au sommet à 5h30 environ, peut être moins. 1000 m de dénivelé positif en pleine nuit par -5° environ. Pas si froid, pour plus de 5000m, on est d'accord. C'est difficile de décrire la montée, mais c'était vraiment dur. Au bout d'un moment cela semblait vraiment très long et chaque pas devenait un effort terrible. Céline a craqué plusieurs fois mais n'a pas cédée et Gilles sur la fin était complètement sec et avait les doigts congelés à force de tenir le piolet sans avoir mis les gros gants. Aujourd'hui il y a encore des séquelles ... plus de sensations aux dernières phalanges des doigts de la main droite pour Gilles et une balafre sur le nez de Céline due à une chute de la frontale (c'est original !) Les 3 mots clés de ce 3ème jour ont été : « La coumbre, Alto, Vamos », qui correspond à : l'arrête finale, objectif que nous répétait sans cesse le guide, ensuite Alto qui veut dire haut mais aussi STOP pour qu'on puisse souffler et Vamos, aller on repart.


Sujet comida (=nourriture), le guide a vraiment assuré sur ces 3 jours. Bon il fallait juste que l'on fasse abstraction de l'eau qui était utilisée et qui était stockée dans un ancien seau de peinture !! Des soupes très souvent mélangées à des légumes frais, du riz, des patates, poulet. On avait les forces pour monter. On aura jamais autant bu de thé à la feuille de coca (ça donne de la fuerte =force ;)).